« Paint Your Face Away » est un atelier de peinture faciale numérique sans rendez-vous de Shinji Toya (qui c’est déroulé en août 2019 dans le cadre de Late on Tate Britain). Le développement de l’outil de maquillage numérique pour cette session a été inspiré par les peintures de Frank Bowling. Les participants utilisant le travail du peintre pour créer leurs propre image de profil tout en effectuant une détection biométrique en temps réel sur l’image du visage en train d’être peint, de sorte qu’à un moment donné, la photo de profil cesse d’être détectée par le capteur de l’ordinateur au cours du processus de peinture. De cette façon, la peinture numérique agit comme une sorte de bruit perturbateur pour la machine.
Tout comme le travail de Bowling est passé du figuratif à l’abstraction, impliquant des techniques associées à la fluidité de la peinture et à la fragmentation des zones délimitées, l’atelier explore la façon dont la figuration d’un « visage » reconnaissable par l’œil de la machine est obstrué par la fluidité de la peinture numérique, les textures et les motifs discontinus.
Les technologies de détection des visages peuvent être utilisées pour repérer et regrouper les visages à partir d’images en ligne. Nous vivons à une époque où nos visages contenus dans des images su l’Internet peuvent être placés sans consentement dans un ensemble de données publiques pour la formation à la reconnaissance faciale (voir l’enquête d’Adam Harvey). Ou bien une image de votre visage pourrait être placée sous licence Creative Commons, ce qui implique qu’elle ne vous appartienne pas au sens traditionnel du terme, et que ce visage peut alors être ré/utilisé par toute entreprise ou tout chercheur pour entraîner des algorithmes de reconnaissance faciale (voir l’affaire de l’utilisation par IBM de photographies prisent sur Flickr).
La technologie de reconnaissance faciale peut avoir de multiples fonctions, comme une utilisation par la police pour l’identification des personnes, et au-delà pour le contrôle aux frontières, mais aussi pour cibler la publicité grâce à la fonctionnalité de « détection de l’humeur ». En d’autres termes, cette technologie est de plus en plus utilisée pour les systèmes de contrôle et à des fins de profit commercial.
La peinture faciale avec laquelle nous jouons ici pourrait être utilisée pour résister au scraping automatique des visages numérisés et introduire un bruit inutile dans la transformation en données biométrique des visages effectuée à des fins de reconnaissance faciale. Comme le suggère Hito Steyerl, les visages sont des pixels quantifiés qui nous appartiennent de moins en moins. Mais pourrions-nous essayer de nous en réapproprier la propriété par la résistance artistique ?
La méthode de l’atelier s’inspire également des recherches de Rosemary Lee, qui suggère qu’un algorithme de classification des objets rencontre des difficultés à identifier les formes abstraites.
L’atelier s’est concentré sur l’approche de la peinture numérique du visage afin de compromettre potentiellement l’intégrité des informations biométriques et de résister à la collecte de visage en ligne. En outre, le projet vise à développer la technologie et le concept des attaques adverses et à mobiliser la non pertinence de la peinture pour l’économie des données biométriques.
- L’algorithme de détection des visages utilisé pour l’atelier est celui de Runway.
- L’outil de détection des visages pour le projet a été conçu en Python par Ashwin D’Cruz.
- Une version de l’outil utilisé pour ce projet sera prochainement mise en ligne.
Traduction de l’anglais d’un article publié sur le site de Shinji Toya. Voir aussi le blog Digital Studio Remix sur l’atelier de Late at Tate Britain.